Les postes au rugby amateur : LE NUMÉRO 23 - DERNIER REMPLAÇANT
- jefdufour
- 10 avr.
- 3 min de lecture
Quand tu joues 23, tu portes le dernier numéro sur la feuille de match et tu es susceptible de rentrer sur n’importe quel poste entre le 9 et le 15.
Juste après l’échauffement le Coach donne ses dernières consignes avant match, et explique aux numéros 16 à 22 à quel moment ils vont (théoriquement) rentrer et ce qu’il attend d’eux. Puis il se tourne vers toi et t’explique que toi, tu vas jouer un rôle important dès le début. Tu vas être juge de touche au coup d’envoi.
Tu essaies de te convaincre qu’effectivement c’est important, et pour le montrer à l’équipe, sur la première touche trouvée par ton 10 tu grattes discrètement cinq mètres. Ça énerve l’arbitre qui pour la peine te déjuge de 10 mètres ; et tu t’attires un regard en coin de ton talonneur, dans le genre « t’es un gros malin toi » …
Du coup t’es plus réaliste sur les touches suivantes.
D’ailleurs tu fais ça tellement bien qu’à la mi-temps, quand le Coach donne ses nouvelles consignes de changements il ne parle pas de toi. Il a l’air très satisfait de ta prestation, et décidé à te laisser sur la touche.
Tu te dis que ça peut pas durer tout le match, et qu’il faut que tu te crées l’opportunité en te faisant remarquer. Alors tu élabores un plan génial.
Quand tu vois qu’une action bien engagée se déploie vers l’aile où tu officies tu te mets en position de sprint, et tu pars en même temps que l’ailier que tu pourrais remplacer au moment où il reçoit le ballon. Et tu cours aussi vite que lui - voire un poil mieux !
Mais à un moment tu te dis qu’il faudrait être sûr que le Coach te voie, parce que l’ailier te cache peut-être ! Alors dans un réflexe tu lèves ton drapeau pour te signaler à son attention.
L’arbitre siffle, tout le monde s'arrête et te regarde éberlué, même les adversaires, puisque ton ailier était à un mètre de la ligne.
Tu essais de bafouiller que non en fait c’était pas un pied en touche c’est que l’élan de ton pied a entrainé ta main à cause de la vitesse que … L’arbitre te regarde comme si tu étais vraiment complètement débile et marque fermement la touche que tu as attribué à l’adversaire.
Là le Coach te rappelle. Tu te dis avec espoir que ça a peut-être marché quand même, qu’il a compris le message ?
Mais en fait il te dit de rejoindre les trois avants qui vont remplacer la première ligne dans cinq minutes pour qu’ils s’entrainent à plaquer et rentrent chauds.
Apparemment ils ont vu l’action parce que quand ils rentrent ils sont bien chauds, et toi aussi ; ça te brule partout où ils t’ont trainé dans la pelouse de l’embut.
Tu finis meurtri sur le banc de touche et tu te fais discret pendant la troisième mi-temps et le trajet de retour. Parce que comme on a perdu de quatre points ton action décisive n’est pas passée inaperçue.
Et après tout ça, quand t’es numéro vingt-trois tu as toujours, un jour, un mec au Club House qui explique que le numéro 23 à son époque ça existait pas - c’est pas pour rien.
Et là tu te dis que c’est quand même pas facile d’être le numéro 23.
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